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À l’occasion du 13e congrès national des soins oncologiques de support, nous avons pu rencontrer plusieurs intervenants et faire le point avec eux sur les actualités et les perspectives en matière de soins de support. En voici quelques extraits. Vous pouvez retrouver l’intégralité des interviews en vidéos sur la chaîne dédiée sur www.onko.fr.

 

Introduction

Pourquoi participer au 13e congrès national des soins oncologiques de support ?

Dr Mario Di Palma

Vice-président de l’AFSOS, président du comité d’organisation du congrès

Trois mots pour définir le congrès ?

Le congrès de l’AFSOS, celui-ci comme les précédents, est pluridisciplinaire, pluriprofessionnel et sympathique.

Pourquoi y participer ?

Il y a principalement deux raisons. La première est de se tenir au courant de ce qui se passe dans le domaine de la cancérologie en général, et surtout des soins de support. La seconde est de rencontrer d’autres professionnels de santé, mais aussi des représentants de patients et des représentants de l’industrie pharmaceutique.

Quels sont les trois moments à ne surtout pas rater ?

Il est très difficile de ne choisir que trois moments… Je dirais la session inaugurale, relative à la politique de santé avec la Haute autorité de santé et l’Institut national du cancer, car il se passe des choses importantes dans la nouvelle stratification des établissements de santé et la stratégie décennale qui met vraiment en avant les soins de support. Je pense également à la session avec nos collègues canadiens autour des infirmiers de pratique avancée ainsi que la session d’actualités en termes d’immunothérapie qui fait le point à la fois sur les nouvelles indications, mais aussi sur la façon de gérer les toxicités et de prendre en charge les patients.

 

 

Thrombose

Cancer et thrombose : actualités, recommandations et bonnes pratiques

Dr Didier Mayeur

Oncologue médical, responsable du Département de soins de support, Centre Georges-François Leclerc, Dijon

Secrétaire général de l’AFSOS

Quelles sont les principales recommandations AFSOS ?

Les recommandations « thrombose et cancer » de l’AFSOS sont de bien réfléchir quand on prescrit et donc de ne pas tomber dans des réflexes stéréotypés où l’on n’utiliserait soit que les HBPM soit que les AOD. Il faut être très vigilant vis-à-vis des risques hémorragiques et donc nous avons beaucoup retravaillé la question du choix de l’indication en traitement de la maladie thromboembolique veineuse en cancérologie. Nous avons aussi retravaillé la question de la thrombo-prophylaxie, et nous avons de réelles nuances avec les recommandations du NCCN ou de l’ASH par exemple. Nos recommandations sont disponibles en ligne sur le site de l’AFSOS, que je vous encourage à regarder régulièrement pour votre pratique quotidienne.

Des nouveautés à l’ESMO ?

Oui, vraisemblablement on peut dire que l’on commence à avoir une amélioration peut-être à venir du score de Khorana avec le score ONCOTEV en particulier. Et le fait que l’on voit l’incidence de la maladie thromboembolique veineuse qui émerge tout de même aussi avec les immunothérapies.

À quoi sert la RCP thrombose ?

Déjà, il faut en avoir une ! Et ce n’est pas du tout évident. La RCP thrombose c’est pour tous les cas difficiles ou les cas dans les zones grises dans lesquels on ne sait pas s’il faut mettre un AOD, un HBPM, quelle est la meilleure façon de faire ? quelles sont les inter-actions éventuelles entre tel AOD et tel médicament anticancéreux ? C’est vraiment là la meilleure indication de la RCP thrombose.

Lire le référentiel AFSOS « Thrombose et cancer » 

 

Activité physique adaptée

L’activité physique adaptée comme approche fondamentale dans la prise en charge du cancer

Dr Carole Bouleuc

Oncologue et médecin de soins palliatifs, responsable du Département de soins de support, Institut Curie, Paris

En trois mots, quels sont les bénéfices de l’activité physique adaptée dans la prise en charge du cancer ?

Les bénéfices de l’activité physique adaptée (APA) dans le cancer sont très importants. Le premier mot est « muscle », avec des bénéfices sur les performances sportives et sur l’état de tolérance cardio-circulatoire à l’effort, donc un meilleur état nutritionnel. Le deuxième mot est « qualité de vie » : beaucoup d’études ont montré l’amélioration de la fatigue, de la qualité du sommeil, de l’état psychologique et la réduction des effets secondaires des traitements systémiques de chimiothérapie, immunothérapie, thérapie ciblée. Le troisième mot est « efficacité des traitements du cancer » puisque l’APA permet de diminuer le risque de récidive et d’allonger la survie des patients.

Quels sont les principaux résultats ?

Tous ces bénéfices ont été montrés dans des études cliniques. Pour la qualité de vie, il s’agit d’études randomisées, avec donc des niveaux de preuve très robustes, très solides (niveaux de preuve A). Pour la survie et la diminution du risque de récidive, il s’agit plus souvent d’études épidémiologiques, mais quelques études randomisées sont en cours.

Pourquoi est-ce une approche fondamentale ?

Je crois effectivement qu’on peut le dire, l’activité physique dans le parcours oncologique est une révolution, autant pour les patients que pour les soignants. Il va en effet falloir que les patients changent leurs comportements, en particulier ceux qui n’avaient pas d’habitude sportive préalable à la survenue de leur cancer et c’est tout de même un grand bouleversement de vie d’adapter des habitudes de pratiques sportives et d’activité physique. Pour les soignants, c’est aussi une révolution de prescrire un traitement qui n’est pas un médicament, et peut-être aussi pour eux de comprendre qu’il faut qu’ils adoptent les recommandations nationales sur la pratique sportive.

 

Sarcopénie

Nutrition, activité physique et sarcopénie : les bonnes pratiques

Alexis Imbert

Diététicien-nutritionniste, Institut Gustave Roussy, Villejuif

 

Que conseiller à un patient ?

La première chose à faire est d’identifier s’il y a dénutrition ou pas chez votre patient. S’il y a une dénutrition sévère, on orientera le patient plutôt vers une kinésithérapie pour ensuite avoir un suivi diététique adapté. Au niveau des recommandations en nutrition et cancérologie, on conseillera au patient de couvrir ses besoins à hauteur de 30-35 kcal/kg et d’avoir un apport entre 1,2 et 1,5 g de protéines. Il faudra s’assurer aussi que votre patient s’hydrate suffisamment durant son activité. En effet, les traitements peuvent avoir une incidence sur l’hydratation de votre patient à cause de perte de sensation de soif, de dysgueusie à l’eau plate et l’activité physique augmente aussi le risque de déshydratation. Il faut donc être très vigilant sur ce paramètre. On pourra aussi proposer les compléments nutritionnels oraux qu’on utilise chez nos patients sarcopéniques, plutôt à bon escient en se disant qu’on pourrait les mettre juste après l’activité physique plutôt que juste après ou 2 heures avant les repas. Le but étant d’avoir une incidence sur la synthèse protidique et sur la récupération musculaire au niveau du glycogène.

Quels sont les bénéfices attendus ?

Pour le patient, les bénéfices sont d’avoir une amélioration de sa masse musculaire en cours de traitement et également de sa force musculaire. Cela peut être évalué par des outils comme le hand grip, l’impédancemétrie, des exercices de fonctions (sit up test, test de marche)… Cela doit avoir sur le patient une influence positive en termes d’augmentation de la masse musculaire.

La leucine : un intérêt en oncologie ?

Pour l’instant, les études qui ont montré que la leucine avait une efficacité ont été réalisées uniquement chez le sujet sarcopénique non cancéreux. On sait que la leucine agit sur le complexe mTor qui est lui-même aussi activé par les exercices de résistance. Quand on combine les deux, il y a un effet anabolisant sur la synthèse protidique musculaire. Néanmoins, en cancérologie, nous avons besoin de plus d’études parce qu’il est montré dans certains cas de cancer une dérégulation de ce complexe mTor et donc l’efficacité de la leucine peut être remise en cause. 

 

Douleur

Douleurs neuropathiques chimio-induites : mieux les connaître, pour mieux les prendre en charge dans la prise en charge du cancer

Pr Philippe Poulain

Médecin de la douleur, anesthésiste-réanimateur, soins palliatifs, Tarbes

Comment définir les douleurs neuropathiques chimio-induites ?

Les douleurs neuropathiques chimio-induites (DNCI) sont des douleurs qui sont consécutives à la chimiothérapie, dont certaines sont plus pourvoyeuses de DNCI comme les taxanes, les sels de platine, qui entraînent des lésions nerveuses sources de troubles de la sensibilité parmi lesquels des troubles chaud/froid, des douleurs.

Qu’a-t-on appris ?

Aujourd’hui, nous avons appris plusieurs choses. D’abord que ce que l’on fait comme traitement actuellement en France ne correspond plus aux standards internationaux, notamment de l’ESMO et de l’ASCO qui mettent en première intention la duloxétine dans les DNCI. Les autres traitements sont à peu près au même niveau, c’est-à-dire peu efficaces. Seule la duloxétine semble avoir été le traitement efficace à 30, 60, 90, voire dans certains cas, 120 mg par jour.

En pratique ?

Avec les patients ce qui est important c’est d’abord d’évaluer cette douleur car on a vu aussi que la douleur neuropathique était mal évaluée. Cela demande beaucoup de temps, d’où l’intérêt du travail des infirmiers pour aider le médecin à évaluer la douleur. Mieux l’évaluation est faite, mieux seront ciblés les traitements. Bien sûr il n’y a pas que des médicaments, il y a des traitements non médicamenteux qui sont importants. Il y a aussi l’abord de certaines techniques qui sont peu conventionnelles, ou du moins moins reconnues par la médecine, notamment l’acupuncture par exemple qui a une certaine efficacité sur ce type de douleur. Le tout dans une prise en charge globale des patients. En réalité, la douleur est un des symptômes pris en charge par les soins de support, jusqu’aux soins palliatifs, pour des patients qui sont très douloureux ou avec une maladie très évolutive.

 

Conclusion

Clôture du congrès et perspectives pour l’AFSOS

Pr Ivan Krakowski

Président de l’AFSOS

 

Notre 13e congrès se termine, un nombre porte-chance ! Nous avons pu nous retrouver physiquement et en même temps continuer à communiquer en digital avec plus de 100 personnes qui se sont connectées en direct. Les soins de support ont résisté au Covid-19, ils participent d’ailleurs à la lutte contre la pandémie puisque nous avons publié notre référentiel actualisé « Vaccins et cancer ». Nous avons eu le plaisir d’entendre que l’HAS avait intégré de façon très claire les soins de support dans la prise en charge des cancers lors des processus de certification. Nous avons des échanges fréquents avec l’INCa sur les référentiels. Un référentiel commun a été produit par l’INCa avec l’aide du groupe expert de l’AFSOS et d’autres sociétés savantes. Et nous avons 1 000 perspectives d’actualisations et de nouveaux référentiels et de participations avec le déploiement de soutien auprès des médecins, auprès des pharmaciens avec les outils AFSOS Form’ qui vont nous permettre également de faire connaître nos référentiels. Je rappelle que nous sommes le seul pays au monde à avoir environ 60 référentiels sur les soins de support et nous allons essayer de les implémenter le plus possible. Merci à tous ceux qui voudraient nous rejoindre pour travailler sur ces référentiels notamment et pour apporter toutes les idées de recherche puisque le groupe recherche est également très actif pour développer de nouvelles approches.

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