« Les médecins ne se vantent pas de guérir toujours, mais ils font tout ce qu’ils peuvent pour soulager les hommes. » Voltaire, diatribe du Dr Akakia
« Suis-je guéri, docteur ? »
Cette phrase qui peut sembler banale et anodine est prononcée fréquemment par les patients dans tous les domaines de la médecine. La guérison des maladies a en effet de tout temps été une préoccupation essentielle des hommes et de leurs médecins. Cette quête a été à l’origine d’immenses progrès, notamment ces 50 dernières années, en améliorant significativement la survie de nombreuses maladies, dont celle du cancer. Ainsi, le taux de survie du cancer du sein 5 ans après le diagnostic est de 88 % tous stades confondus en Occident (1) et le taux de rechute des cancers localisés est en constante diminution. Pour exemple, la survie sans rechute des cancers du sein localisés présentant les caractéristiques RH+, HER2+ et sans ganglion envahi est actuellement de 99,3 % à 5 ans (2). De plus, selon les statistiques nationales, plus de la moitié des patients ne récidiveront pas de leur cancer (3). Ces avancées médicales se sont donc tout naturellement accompagnées d’un espoir populaire fort portant sur la guérison du cancer. Cependant, si le président Nixon la prédisait pour 1976, date du bicentenaire de l’Indépendance des États-Unis d’Amérique, cette question cruciale pour les patients reste encore d’actualité. En effet, malgré ces statistiques très encourageantes, le cancer reste une pathologie grave causant le décès de plus de 8 millions de personnes dans le monde chaque année (4).
Les avancées médicales n’ont pas concerné seulement l’aspect scientifique, mais ont aussi contribué à remodeler la relation entre le médecin et le patient. En effet, ce lien s’est radicalement transformé ces dernières décennies, porté par le droit à l’information issu de la loi du 4 mars 2002 (5). Le respect de la volonté du patient se place dès lors au centre des procédures décisionnelles. Le discours médical se doit d’être loyal en délivrant une information claire, tenant compte des progrès scientifiques, mais aussi de la gravité du cancer, pour permettre l’établissement d’une réelle relation de confiance et d’un bien propice à une véritable délibération. De nombreux questionnements et de tensions éthiques apparaissent alors sur les mots employés par le cancérologue dans le discours qu’il tient au patient. Actuellement, la formation médicale initiale ne prévoit pas d’enseignement spécifique à propos de la communication et il n’existe en outre pas de recommandation ni de consensus sur la conduite à tenir concernant notamment les données pronostiques. Les discours des médecins se forgent donc au fur et à mesure de leur expérience et de l’apprentissage par compagnonnage. Ainsi, pour une même situation clinique, les réponses données peuvent être très différentes en fonction des médecins qui y sont confrontés. Comment expliquer cette hétérogénéité des discours médicaux si les oncologues basent leur conception de la guérison uniquement sur leur savoir scientifique ?
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