Numéro spécial 10 ans – Oncologie gynécologique : « Nous venons de vivre 10 années exceptionnelles du point de vue de la recherche clinique en cancérologie gynécologique »

« Une multiplication de découvertes de médicaments actifs sur des anomalies moléculaires qui ne sont pas spécifiques à un organe, mais peuvent être retrouvées à des fréquences variées dans différents types de cancer. »

Les mécanismes universels de la cancérogenèse

L’oncologie gynécologique ne peut être détachée du grand mouvement de la cancérologie. À ce titre, elle est aussi emportée par la grande vague de la biologie moléculaire. 

Celle-ci est en train de remettre en valeur le principe même qui a fondé l’oncologie médicale, tout comme la répartition des appareils de radiothérapie dans le territoire avait été à l’origine des centres anti-cancéreux. Le grand principe, qui a animé les précurseurs qu’étaient Georges Mathé (hématologue de formation) et Lucien Israël (pneumologue de formation), était que la cellule cancéreuse obéissait aux mécanismes universels de la cancérogenèse, quelle que soit son origine d’organe. Ce principe justifiait la création d’une spécialité centrée sur la recherche fondamentale des mécanismes de la cancérogenèse et sur des essais cliniques, notamment randomisés, fondés sur les sciences statistiques.

Les spécialisations par organe

Mais, petit à petit, la trajectoire s’est faite en sens inverse. Non seulement les spécialistes d’organe se sont approprié et ont développé des structures de recherche adéquates et performantes, mais les oncologues médicaux ont eu eux-mêmes tendance à se spécialiser dans un ou un nombre limité d’organes, à l’encontre du principe de leur naissance, mais de façon adaptée à la meilleure prise en charge des patients. C’est effectivement le résultat d’un développement de la chimio-thérapie en fonction de la stratégie de prise en charge propre aux patients de chaque organe, mais en tenant très peu compte de la biologie tumorale cellulaire.