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Nutrition, activité physique et sarcopénie : les bonnes pratiques

Alexis ImbertDiététicien-nutritionniste, Institut Gustave Roussy, Villejuif

Que conseiller à un patient ?

La première chose à faire est d’identifier s’il y a dénutrition ou pas chez votre patient. S’il y a une dénutrition sévère, on orientera le patient plutôt vers une kinésithérapie pour ensuite avoir un suivi diététique adapté. Au niveau des recommandations en nutrition et cancérologie, on conseillera au patient de couvrir ses besoins à hauteur de 30-35 kcal/kg et d’avoir un apport entre 1,2 et 1,5 g de protéines. Il faudra s’assurer aussi que votre patient s’hydrate suffisamment durant son activité. En effet, les traitements peuvent avoir une incidence sur l’hydratation de votre patient à cause de perte de sensation de soif, de dysgueusie à l’eau plate et l’activité physique augmente aussi le risque de déshydratation. Il faut donc être très vigilant sur ce paramètre. On pourra aussi utiliser les compléments nutritionnels oraux qu’on utilise chez nos patients sarcopéniques, plutôt à bon escient en se disant qu’on pourrait les mettre juste après l’activité physique plutôt que juste après ou 2 heures avant les repas. Le but étant d’avoir une incidence sur la synthèse protidique et sur la récupération musculaire au niveau du glycogène.

Quels sont les bénéfices attendus ?

Pour le patient, les bénéfices sont d’avoir une amélioration de sa masse musculaire en cours de traitement et également de sa force musculaire. Cela peut être évalué par des outils comme le hand grip, l’impédancemétrie, des exercices de fonctions (sit up test, test de marche)… Cela doit avoir sur le patient une influence positive en termes d’augmentation de la masse musculaire.

La leucine : un intérêt en oncologie ?

Pour l’instant, les études qui ont montré que la leucine avait une efficacité ont été réalisées uniquement chez le sujet sarcopénique non cancéreux. On sait que la leucine agit sur le complexe mTor qui est lui-même aussi activé par les exercices de résistance. Quand on combine les deux, il y a un effet anabolisant sur la synthèse protidique musculaire. Néanmoins, en cancérologie, nous avons besoin de plus d’études parce que il est montré dans certains cas de cancer il y a une dérégulation de ce complexe mTor et donc l’efficacité de la leucine peut être remise en cause.