Dr Julie Fulcrand
Pharmacien clinicien, CH de Valenciennes
Dr Jérôme Sicard
Pharmacien d’officine, Châlons-en-Champagne
Président de l’Association Actions croisées
Qu’est-ce qui a changé dans le rôle du pharmacien hospitalier ?
JF : Il y a eu une surspécialisation au niveau de la pharmacie hospitalière en pharmacie clinique ces dernières années. Aujourd’hui, nous allons dans les services de soins pour aider à optimiser la prise en charge thérapeutique des patients. Il s’agit donc de rencontrer les patients, de réaliser des entretiens pharmaceutiques et également de créer du lien ville-hôpital, avec les confrères de ville.
Et dans celui du pharmacien d’officine ?
JS : L’arrivée, il y a à peu près une quinzaine d’années, des thérapies orales, nous a incités à nous intéresser à la patientèle “oncologie”, puisque des patients venaient avec des ordonnances de cancérologie. Ce qui fait que, tant par l’évolution des thérapies orales que par l’évolution des soins de support, les équipes officinales se sont retrouvées en première ligne, en contact avec le patient, pour gérer à la fois la bonne prise des médicaments et prévenir, anticiper et gérer les effets indésirables. L’autre aspect important dans l’officine, c’est que ces patients-là, nous les voyons très souvent, donc nous pouvons créer, via la pharmacie et les visites des patients, un relationnel de proximité très important.
Quels bénéfices pour les patients ?
JF : Le bénéfice pour les patients est que, maintenant, le pharmacien clinicien est intégré dans son parcours de soins à l’hôpital. Nous allons donc pouvoir le rencontrer au sein de différentes structures : en hôpital de jour, en hospitalisation conventionnelle, ou dans le cadre de consultation et nous allons surtout avoir un lien avec les professionnels de ville. Quand le patient entre en hospitalisation, nous sollicitons souvent nos confrères de ville : pharmaciens d’officine, infirmiers libéraux, médecins généralistes… Et, également, lorsque le patient sort d’hospitalisation, nous allons essayer de vraiment coordonner sa prise en charge pour que tout ce qui se passe à l’hôpital ait un suivi en ville et que le patient puisse être bien suivi par les différents professionnels qui l’entourent.
JS : Je rajouterais, au niveau de la pharmacie d’officine, que l’arrivée des thérapies orales a changé un petit peu le paradigme, puisque c’est au patient de gérer son propre traitement, ce qui n’est pas forcément évident et facile pour tous les patients. Donc le fait d’avoir aussi les équipes officinales qui soient formées et qui soient en lien direct avec le patient permet d’améliorer et de sécuriser la bonne prise du traitement et l’observance.
Un mot sur les sociétés savantes ?
JF : Notre société savante, la Société française de pharmacie clinique, nous aide à promouvoir et à valoriser la pharmacie clinique au sein des établissements de santé, mais également en officine.
JS : Notre société savante, créée il y a environ 4 ou 5 ans, est la Société francophone des sciences pharmaceutiques officinales. Elle permet d’aborder toutes les thématiques liées à l’exercice officinal, de la partie économique à la partie clinique, en balayant l’ensemble des sciences sur lesquelles l’activité officinale se fonde.