La chirurgie de l’obésité réduit de 33 % le risque de nouveaux cancers

Bariatric surgery and the risk of cancer in a large multisite cohort.
Schauer DP, Feigelson HS, Koebnick C et al. Ann Surg 2019 ; 269 : 95-101.

 

Dans un contexte où la chirurgie de l’obésité est très remise en question en France (1, 2), des études continuent à s’accumuler pour montrer le bénéfice de cette stratégie sur le long terme. Il ne s’agit pas ici de « prendre la défense de la chirurgie », mais de donner des arguments pour pouvoir discuter son intérêt, pour la santé des patients, et en dehors de toutes considérations économiques ou de croyances de santé. Ainsi en 2019, DP Schauer et collaborateurs ont montré une réduction du risque de cancer incident chez les opérés, publié dans Annals of Surgery (3).

Quel était l’état de la question avant cette étude ?

L’obésité est réputée pour contribuer à 6  % de tous les cancers, et pour 15 à 20 % des morts par cancer aux États-Unis. Des études ont montré une réduction de mortalité après la chirurgie, mortalité de toutes causes et en particulier spécifique au cancer. La chirurgie bariatrique est aussi susceptible de modifier certains facteurs de risques de cancer, comme le diabète et le syndrome métabolique.

Quel était l’objectif de l’étude ?

Il s’agissait de déterminer si la chirurgie bariatrique était associée à une incidence réduite de cancers dans une étude rétrospective cas-contrôles, à partir des bases de données des assurances américaines.

Qu’ont fait les auteurs ?

Ils ont exploré une cohorte, établie à partir des cinq plus grands systèmes d’assurance maladie aux États-Unis entre 2004 et 2014.
• 22 198 personnes ayant bénéficié d’une chirurgie de l’obésité et avec un IMC supérieur à 35 kg/m2, sans antécédents de cancer, ont été incluses,
• et 66 481 contrôles ont été appariés (3 contrôles pour un cas) sur l’IMC, puis sur le genre, l’année de naissance et le lieu de vie.
L’incidence des cancers a été établie à partir des registres de tumeurs. Tous les types de cancer ont été considérés et particulièrement ceux associés à l’obésité (Encadré).

 

Quels sont les résultats ?

Au terme d’un suivi moyen de 47  mois pour les obèses opérés et de 41 mois pour les obèses non opérés, 488 cas incidents de cancer ont été observés chez les opérés, et 2 055 chez les contrôles.
La figure 1 montre la survie estimée jusqu’à 10 ans. Les courbes s’écartent très tôt et continuent de diverger pendant tout le suivi. Globalement, il y a une réduction de 33 % du risque de développer un cancer (HR 0,67 ; IC 95  % : 0,60-0,74 ; p < 0,001). Une réduction équivalente est observée pour les cancers associés à l’obésité (HR 0,59 ; IC 95  % : 0,51-0,69 ; p< 0,001). Les femmes ont une réduction plus significative de cette incidence que les hommes pour lesquels la réduction n’est pas significative.
Les cancers dont l’incidence est réduite de façon significative sont :
• le cancer du sein après la ménopause,
• le cancer du côlon,
• le cancer de l’endomètre,
• le cancer du pancréas
• l’adénocarcinome de l’œsophage.
Tous les autres cancers ne montrent pas de différence d’incidence entre les opérés et les personnes obèses.

 

 

En conclusion

Au terme d’un suivi moyen de plus de 40 mois, les opérés d’une chirurgie de l’obésité ont une réduction d’un tiers de l’incidence des nouveaux cancers.