Comment prendre en charge les mucites

PRISE EN CHARGE DES MUCITES

La mucite est un enjeu quotidien dans la prise en charge des patients atteints de cancer. Elle correspond à une inflammation du tractus digestif depuis la bouche jusqu’à l’anus. Si l’on entend souvent par mucite l’inflammation de la muqueuse oropharyngée, il faut en fait parler des mucites et garder à l’esprit l’évaluation de l’ensemble des voies digestives. D’autres muqueuses, telles que les muqueuses génitales, par exemple, pourraient d’ailleurs entrer dans les différentes présentations des mucites et faire l’objet dans l’avenir d’une attention particulière.
L’incidence des mucites orales est importante selon que le patient se trouve en pathologie avancée et/ou dans une topographie tumorale spécifique, telles que les pathologies ORL. L’incidence des inflammations du tube digestif bas, essentiellement caractérisées par les diarrhées, est majoritairement retrouvée dans les données d’essais thérapeutiques et dans les descriptifs des traitements utilisés (RCP). Les évaluations en pratique quotidienne font ainsi souvent défaut. Quant à l’atteinte oeso-gastrique, elle est largement délaissée au profit d’autres toxicités plus parlantes et les données de la littérature sont assez rares dans le domaine.
Les thérapies ciblées sont également en cause dans la survenue de ces symptômes. Elles provoquent une inflammation des muqueuses à tous niveaux de l’organisme et l’impact de ces traitements, donnés à long terme, au domicile, avec pour seul lien au prescripteur une consultation mensuelle tout au mieux, est majeur pour l’observance du traitement et l’encadrement des éventuelles complications.
L’impact quotidien des mucites sur la vie des patients est majeur.
– Sur le plan physique tout d’abord, avec un retentissement en termes de douleur, de dénutrition et déshydratation et de surinfection.
– Sur le plan thérapeutique, également, avec un risque de retard, de mauvaise compliance au traitement, pouvant avoir un impact direct sur la survie des patients.
– Sur le plan social, enfin, avec un enjeu sur l’élocution, les capacités relationnelles du patient, notamment lors des repas ou des déplacements. On retrouve ainsi les éléments multiples qui font de la mucite un des symptômes au coeur de l’accompagnement en soins de support, au même titre que les nausées-vomissements ou la fatigue. L’abord du patient doit être pluriprofessionnel, que ce soit pour le diagnostic, l’évaluation, la prévention, le traitement ou encore le suivi du symptôme mucite. Des recommandations dans le domaine sont régulièrement publiées par les sociétés savantes, dont l’Association Francophone pour les Soins Oncologiques de Support (AFSOS). Les dernières rencontres (Journées des Référentiels et Recommandations, ainsi que le groupe Saint-Paul de Vence sur le thème du cancer du sein) ont été l’occasion d’une mise à jour des référentiels utilisés en France.
Faire ouvrir la bouche, apprendre à examiner, à coter sur une échelle validée, comprendre la pathologie pour mieux aborder la prévention et les traitements, tels sont les enjeux définis dans ce numéro spécial d’Onko+ dont la lecture permettra une mise au point solide pour une prise en charge optimale des malades.