Le programme de recherche AcSé, lancé en 2013 par l’Institut national du cancer (INCa), a été renouvelé en 2021 dans le cadre de la Stratégie décennale de lutte contre les cancers. Ce programme, qui facilite l’accès des patients aux molécules innovantes, prévoit de s’ouvrir à un plus grand nombre de patients, en proposant des essais multi-bras, multi-cibles et multi-médicaments. Dans ce cadre, Unicancer est promoteur de deux nouveaux essais : Pan-MSI-AcSé, coordonné par le Pr Thierry André de l’Hôpital Saint-Antoine (AP-HP) et AcSé FGFR coordonné par le Pr Christophe Le Tourneau de l’Institut Curie.
Pan-MSI-AcSé
Le premier essai, qui vient d’être ouvert aux inclusions au CHU de Brest, se concentrera sur l’évaluation de l’efficacité du dostarlimab (anti-PD-1) en tant que traitement de première ligne de certains cancers dMMR/MSI non résécables métastatiques ou localement avancés (non colorectal/non endométrial). Cet essai a été rendu possible grâce à la mise à disposition du dostarlimab par le laboratoire GSK. Il sera menée dans 25 centres à travers le pays. Son objectif principal est d’évaluer l’activité en termes de survie sans progression du dostarlimab par rapport au traitement standard, la chimiothérapie. 120 patients seront inclus.
AcSé FGFR
Le deuxième essai testera une molécule ciblant les altérations des gènes FGFR, actuellement indiquée dans les cancers urothéliaux et les cholangiocarcinomes. Grâce au programme AcSé et à un accord obtenu début 2023 avec le laboratoire Incyte pour la mise à disposition du pémigatinib (inhibiteur de tyrosine kinase), cet essai sera accessible à des patients atteints d’autres cancers et présentant ces mêmes anomalies. Au-delà de cet élargissement des pathologies à l’inclusion, cet essai se démarquera par sa méthodologie innovante. L’originalité réside dans l’évaluation de l’efficacité du pémigatinib en monothérapie, centrée sur la cinétique de croissance et la réponse tumorale chez les patients confrontés à un cancer récurrent et/ou métastatique avec une fusion/réarrangement ou mutation des gènes FGFR1-3.
Les contours du nouveau programme AcSé
Pour des patients en échec thérapeutique, les essais du programme restent conformes à l’objectif initial d’AcSé. Ils visent à évaluer des médicaments ciblant des anomalies moléculaires souvent rares dans des indications non autorisées, à proposer des combinaisons de traitements, et à offrir un accès à des thérapies innovantes, y compris aux patients ayant bénéficié d’un profil moléculaire par le plan France Médecine Génomique 2025. Parmi les changements significatifs, le nouveau programme AcSé permet d’inclure les patients dès la première ligne de traitement, et propose des essais comparatifs pour générer des données exploitables dans un second temps.
Bilan du premier programme AcSé
Lancé en 2013 par l’INCa, le programme a permis d’élargir les stratégies thérapeutiques au profit des patients en échec thérapeutique, avec un dépistage moléculaire qui a impliqué près de 17 000 d’entre eux dans trois des cinq essais.
Sur les cinq essais du premier programme AcSé, quatre sont promus par Unicancer (AcSé vémurafénib / AcSé crizotinib / AcSé pembrolizumab / AcSé nivolumab) et un par Gustave Roussy (AcSé eSMART), membre du réseau Unicancer.
À ce jour, près de 1 300 patients ont bénéficié de traitements innovants dans le cadre d’AcSé. La pertinence et la faisabilité du programme ont été confirmées par l’ouverture de plus de 60 bras d’études répartis dans les cinq essais, démontrant ainsi la flexibilité et l’adaptabilité du programme. Les essais ont également témoigné d’une dynamique d’ouverture et de fermeture de bras d’études en réponse aux analyses intermédiaires, démontrant une faisabilité tant au niveau national qu’européen. Le premier programme AcSé a aussi atteint son objectif d’inclusion des populations vulnérables, avec 231 enfants et 9 patients de plus de 81 ans. Enfin, il a généré un volume significatif de données mises à disposition de la communauté scientifique par le canal de nombreuses communications internationales, conférences de presse, un guide pour les patients et l’enregistrement de trois recommandations temporaires d’utilisation (RTU).
MC d’après le communiqué de Unicancer et de l’INCa du 31 mai 2024.