Regards croisés – Vaccination Covid-19 et traitement du cancer

Résumé

Le patient atteint de cancer fait légitimement partie des catégories de sujets fragiles pouvant en priorité bénéficier de la vaccination anti-Covid-19. Ainsi, la juxtaposition des deux traitements de chimiothérapie et vaccination anti-Covid-19 devrait logiquement porter à réfléchir sur cette interférence de la chimiothérapie sur la fonction immune dans son ensemble, plus ou moins marquée selon les produits utilisés. Il existe une large palette d’interactions entre les traitements ciblés et le système immunitaire.

• L’interaction entre le système immunitaire et le traitement par anticorps monoclonaux a été particulièrement bien étudiée pour les anticorps thérapeutiques de type IgG1. L’application de traitements ciblés par anticorps monoclonaux IgG1 (non seulement le cétuximab, mais également le trastuzumab et le rituximab) va venir mobiliser le système immunitaire, en particulier les lymphocytes T qui participent aussi à l’efficacité vaccinale.

• Les inhibiteurs de tyrosine kinase sont capables d’interférer plus directement avec les cellules de l’immunité au niveau de leurs voies de signalisation. Ces inter-actions ne se traduisent pas obligatoirement par une diminution des capacités immunitaires.

• L’immunothérapie du cancer et la vaccination occupent le même terrain qui est celui de l’activation de la fonction immune. On peut considérer les interférences potentielles entre ces deux traitements dans les deux sens. Ainsi, le phénomène d’hyperprogression tumorale sous immunothérapie dont la composante d’activation immunitaire est évoquée pourrait être amplifié par la vaccination. Dans l’autre sens, les entérocolites sont parmi les toxicités les plus fréquentes provoquées par l’immunothérapie et, par conséquent, l’influence d’un microbiote altéré sur l’efficacité d’une vaccination associée se pose entièrement.