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Quels traitements pour la douleur, cette entité multimorphe ?

Dr Antoine Lemaire
Médecin douleur et soins palliatifs, Valenciennes

La douleur du cancer : une entité multimorphe

La douleur du cancer est une entité particulièrement complexe à aborder qui a vu son lot de changements depuis les dernières années avec de nombreuses publications dans la littérature. Aujourd’hui, nous savons que cette douleur du cancer est multimorphe, c’est-à-dire qu’elle est amenée à changer tout au long du parcours de soins et qu’elle va dépendre d’un nombre important de facteurs qui vont nous faire considérer à la fois, certes, la douleur que l’on va analyser, mais aussi le cancer (le type de cancer, son évolution, son stade de diagnostic au moment de la prise en charge), et de nombreux facteurs comme les traitements du cancer, mais aussi la génétique, les facteurs sociaux et environnementaux, etc. L’ensemble de ces facteurs qu’on va devoir prendre en charge vont nous permettre, quand on les aura optimisés, d’améliorer la prise en charge de la douleur du cancer.

La gestion des accès douloureux paroxystiques

Nous avons aussi évoqué certains aspects particuliers, comme la gestion des accès douloureux paroxystiques. Ce sont ces pics de douleur que l’on peut avoir alors même que la douleur de fond est stabilisée. Nous devons, en tant que soignants dans la filière oncologique, évaluer et réévaluer nos patients pour les dépister et les prendre en charge de la façon la plus adaptée, avec des médicaments qui nous permettront d’agir rapidement pour couvrir ce pic douloureux qui, en général, va s’installer en 5 à 10 minutes et durer 20 à 30 minutes.

Quid du cannabis thérapeutique ?

Il s’agit d’un sujet qui fait souvent “débat”, qui est souvent soumis à de nombreux échanges et de vifs échanges. Nous avons rappelé finalement que nous avions la chance en France d’avoir une expérimentation nationale qui est menée sous l’égide de l’ANSM et qui est terminée depuis quelque temps et dont les résultats ne devraient pas tarder. Cette expérimentation va nous permettre à la fois de définir le circuit futur du médicament et l’accès aux patients dans de nombreuses indications, notamment en soins oncologiques de support, comme les douleurs en deuxième intention, mais aussi les nausées-vomissements chimio-induits, amélioration du sommeil, gestion de l’anxiété. De par une très grande hétérogénéité de la littérature scientifique, on a encore du mal à avoir des preuves uniformisées, harmonisées pour dire que le cannabis est recommandé de telle façon, dans telle indication. Cependant, avec cette littérature et l’expérimentation ANSM, on va justement pouvoir désormais mener des essais cliniques et espérer faire changer ces recommandations pour inclure de façon très cadrée le cannabis dans nos stratégies thérapeutiques, comme un traitement adjuvant en soins oncologiques de support.