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Quelle articulation entre soins de support et soins palliatifs ?

Pr Carole Bouleuc
Responsable du département de soins de support et de soins palliatifs, Institut Curie, Paris

 

Quelques définitions

Les soins de support sont définis comme étant tout ce que l’on peut faire pour améliorer la qualité de vie du patient au côté des traitements spécifiques. Les soins palliatifs correspondent à tout ce que l’on peut faire pour améliorer et accompagner le patient atteint de cancer, mais, dans ce cas, la population est bien décrite, il s’agit des patients dont le pronostic vital est engagé à court et moyen terme, confrontés à la souffrance et l’angoisse que provoque la proximité de la mort.

Il y a donc une similitude et, en même temps, une différence au niveau de la population cible. La similitude se situe dans la nature des soins et de la posture vis-à-vis du patient.

Comment les soins de support et les soins palliatifs s’articulent-ils pour la gestion des symptômes ?

Le patient peut présenter de nombreux symptômes au cours de son parcours, soit des effets secondaires des traitements, soit des symptômes liés à la tumeur. Et, finalement, de manière un peu surprenante, les premiers acteurs de la gestion des symptômes d’un patient, c’est les équipes d’oncologie elles-mêmes : l’oncologue au cours de sa consultation, les infirmières de la consultation ou de l’hôpital de jour de chimiothérapie. Les experts de soins de support et de soins palliatifs interviennent en recours dans les situations les plus complexes, pour les patients qui ont des symptômes rebelles ou qui sont en difficulté psycho-sociale majeure. Il est important de redire l’importance de l’oncologue en première ligne, même pour initier la démarche palliative, pour expliquer l’épuisement des traitements cancéreux et la possibilité d’avoir recours à une équipe de soins palliatifs.

Alors, quelle articulation ?

Ainsi, il est tout à fait cohérent, dans les centres de cancérologie, de regrouper dans un même département les acteurs de soins de support et de soins palliatifs qui vont pouvoir échanger entre eux et développer leur expertise réflexive sur les questions éthiques, sur la communication difficile et sur l’interprofessionnalité, la pluriprofessionnalité, le maître mot de ces deux disciplines. Finalement, l’enjeu, c’est non pas l’articulation entre soins de support et soins palliatifs, c’est l’articulation entre les experts de soins de support et de soins palliatifs avec les oncologues. Et ceci doit reposer sur une structuration de temps de concertation en staffs formalisés, de discussions informelles entre deux patients et de définitions des procédures communes, des critères de recours, de validations des parcours de soins dans lesquelles, très clairement, à telle étape, on intègre les soins de support ou les soins palliatifs.

Quelles perspectives ?

À l’avenir, je pense que la place du médecin généraliste et de tous les acteurs de soins de ville devra être étudiée de plus près. Comment s’intègrent-ils dans cette démarche de soins de support et de soins palliatifs.

La question de l’intelligence artificielle doit également se poser. On sait que beaucoup d’outils sont développés, comme des robots qui vont tenter de prendre la place des humains… Comment tout cela va se passer et quelles conséquences cela aura ? L’avenir nous le dira.