Site professionnel spécialisé en Oncologie

Fresenius Replay 2024
Fresenius Replay 2024

Photobiomodulation et troubles neurologiques des traitements du cancer : vers de nouvelles perspectives thérapeutiques

Dr Antoine Lemaire

Médecin douleur et soins palliatifs, CH de Valenciennes

Quelles sont les indications neurologiques ?

Les indications neurologiques actuelles de la photobiomodulation sont avant tout la neuropathie chimio-induite. Il s’agit d’une indication qui est documentée sur le plan scientifique et reprise dans le dernier consensus international autour de la photobiomodulation. Certains centres experts utilisent la photobiomodulation dans d’autres situations, par exemple dans des douleurs neuropathiques, périphériques, voire dans des douleurs plus complexes qui vont mettre en jeu des systèmes de régulation de la douleur au niveau central. On peut également, de façon beaucoup plus expérimentale, utiliser la photobiomodulation sur les troubles neurocognitifs consécutifs notamment des traitements du cancer. Certaines indications sont donc parfaitement validées sur le plan scientifique, d’autres sont très documentées sur le plan scientifique, mais ne font pas l’objet de recommandations et donc ne sont pas préconisées dans la pratique courante, et sont uniquement réservées à des centres experts ou à la recherche.

Quels sont les résultats ?

Les résultats peuvent être très surprenants et très positifs. C’est pour cela que nous sommes très promoteurs de ce type de technique. Il s’agit d’un traitement qui est sans effet secondaire, qui n’est pas invasif et qui est facile à mettre en œuvre, sans surcoût particulier. Il faut avoir à l’esprit que quand on utilise la photobiomodulation, cela peut aussi permettre de réduire, voire d’arrêter, les traitements médicamenteux, qui eux, potentiellement, ont des effets secondaires, et une efficacité qui n’est pas toujours la meilleure. Ce qui est important pour objectiver ces bons résultats, c’est d’utiliser un matériel vraiment dédié au monde médical, avec des protocoles standardisés, du personnel formé et c’est avec cette bonne ergonomie de travail que nous aurons des résultats. Il faut garder en mémoire que, plus on prend en charge précocement le patient quand les symptômes s’installent, meilleurs seront les résultats. Il est toujours plus compliqué, même si c’est toujours possible, de traiter un patient qui par exemple a une douleur neuropathique depuis 2 ans, ou a des troubles neurocognitifs depuis 3 ans.

En pratique ?

Ce sont des traitements qui vont nécessiter différents types d’équipements. Cela va dépendre de ce que l’on va faire comme traitement. On peut avoir des équipements portatifs qui sont plus légers, et des équipements plus importants qui devront être installés dans un box de consultation. En pratique, on organise des séances qui se font sur prescription médicale, qui peuvent mettre en jeu une infirmière de pratique avancée qui est formée et spécialiste, qui va faire la séance de photobiomodulation et traiter les différentes zones à traiter. Une séance dure entre 20 et 30 minutes et, selon les indications, est renouvelée une fois par semaine pendant 4 à 6 semaines, voire plus si le patient présente des symptômes le nécessitant. C’est facile à mettre en œuvre, il s’agit surtout d’une question d’organisation, à la fois pour le patient et pour les soignants qui mettent en œuvre cette technique.

Le mot de la fin

Je dirais que c’est une technique vraiment intéressante car elle va être capable de corriger des mécanismes qui sont à l’origine des symptômes comme la douleur, l’inflammation, la cicatrisation. Il ne s’agit pas juste d’une action symptomatique comme le font les médicaments, mais il s’agit d’une action corrective. Philosophiquement et scientifiquement c’est passionnant parce qu’on va venir restaurer un fonctionnement cellulaire normal alors qu’il a été altéré par la maladie, le cancer, et ses traitements. Cela nous ouvre énormément de champs et pour cela il va falloir que nous fassions beaucoup de recherche clinique pour démontrer qu’il y a un effet même contre des traitements qui sont des traitements dits de référence par exemple dans la douleur ou dans la cicatrisation. Ce champ passionnant nous permet aujourd’hui d’envisager d’autres perspectives dans les soins de support et l’un de nos chevaux de bataille que nous allons mener avec l’AFSOS est d’obtenir des remboursements, une cotation des actes de photobiomodulation. Je pense que cela ouvrira des perspectives sur d’autres indications comme les troubles neurologiques des traitements du cancer.