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Fresenius Replay 2024
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La télésurveillance en oncologie : quelles preuves cliniques ?

Dr Carole Helissey

Oncologue médicale militaire, Hôpital d’instruction des armées Begin, Saint-Mandé

 

Pourquoi faire de la télésurveillance en oncologie ?

Cela vient d’un constat : nos patients veulent qu’on parle de leur qualité de vie. Au-delà de toutes les innovations thérapeutiques, pour lesquelles nos patients nous font confiance, ils nous demandent une chose : « plus que des années de vie, je veux de bonnes années de vie ». Clairement, nous sous-estimons souvent les effets de nos traitements, et télésurveiller nos patients, en leur demandant directement ce qu’ils ressentent, permet d’améliorer notre prise en charge. Certes, nous devons avoir cette efficacité, réduire la maladie, mais il faut aussi minimiser les effets secondaires. Comment les minimiser si nous ne parlons pas à nos patients ? Avec le virage ambulatoire, la télésurveillance nous permet de garder ce contact avec nos patients, quand ils ne sont pas avec nous. Ils nous parlent de leur vie, de leur qualité de vie, depuis chez eux.

Quelle télésurveillance en oncologie ?

Le Covid nous a permis de faire rentrer la télémédecine, la e-médecine dans nos pratiques et, clairement, il faut l’utiliser, en particulier pour garder le lien avec nos patients. Il ne s’agit pas simplement de leur dire « Je vous inscris sur une plateforme », mais « Je vous inscris sur la plateforme pour que vous puissiez me parler de vous, quand vous êtes chez vous ». Ce lien direct est important. L’inscription sur la plateforme ne suffit pas, il faut que, derrière, nous soyons à l’écoute, c’est-à-dire que, si ça ne va pas, nous devons pouvoir prendre toute de suite notre téléphone et ajuster, pour pouvoir mieux les prendre en charge.

Quels sont les résultats ?

D’après notre expérience, les patients adhérent clairement : plus de 70 % sont satisfaits et 10 % très satisfaits d’être télésurveillés. Pourquoi ? Parce qu’ils ont une réponse immédiate, ils ne passent pas du temps au téléphone à essayer de joindre quelqu’un pour des événements indésirables considérés comme peu graves (grade 1 ou grade 2). Et, en cas d’événement grave, la réaction est immédiate, c’est-à-dire que l’infirmière ou le médecin leur dit « Attention, est-ce que c’est l’algorithme qui a surestimé, ou est-ce que vous n’allez pas bien et il faut qu’on se voit rapidement ». Par ailleurs, pour l’oncogériatrie, qui concerne la majorité de nos patients, la question du digital pouvait se poser ; pourtant, les sujets âgés de plus de 70 ans adhèrent aussi bien que les sujets dits jeunes de moins de 70 ans. Ils veulent qu’on parle de leur qualité de vie, et l’outil digital n’est pas un frein. Concernant, les données de survie, il a été démontré qu’un patient télésurveillé vivait plus longtemps qu’un patient en soins courants. Clairement, quand un patient parle de lui, au-delà du traitement, il vit plus longtemps. D’après nos premières études princeps sur la population de sujets âgés, un patient qui est en bon état a une survie sans progression plus longue qu’un patient qui a trop de toxicités et qui dégrade son état général. Cet outil pourrait être utilisé pour anticiper nos évaluations et ne pas laisser nos patients trop longtemps avec un traitement qui apporte des effets secondaires, sans bénéfice.

Le mot de la fin

Vous devez télésurveiller, tous vos malades.