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Fresenius Replay 2024
Fresenius Replay 2024

L’essentiel en un clin d’œil

Dans cette mouture 2024 de l’ESMO, les cinq sujets retenus sont :

• Le management des inhibiteurs de points de contrôle (ICI), avec une étude qui a montré qu’un traitement concomitant par IPP et/ou par IEC est associé à une toxicité rénale immuno-induite plus fréquente. Une autre étude suggère un effet négatif dose-dépendant du pantoprazole sur la survie des patients CBNPC traités par chimio-immunothérapie. Et enfin, une étude a observé l’effet de l’heure d’administration des ICI sur leur efficacité.

• Les electronic Patient Reported Outcome (ePRO). Une étude observationnelle a montré l’intérêt grandissant des solutions de santé numérique (SSN) comme les plateformes de ePRO. Et une autre étude a montré que cet intérêt est aussi présent chez les patients de plus de 65 ans.

• Le management des toxicités des chimiothérapies. Deux études ont montré l’intérêt de la thérapie par compression (± associée à un refroidissement) dans la prévention des neuropathies de grade ≥ 2 induites par l’oxaliplatine. Une autre étude n’a pas confirmé les résultats de l’essai D-TORCH sur l’utilisation prophylactique de diclofénac topique sur le syndrome main-pied de la capécitabine.

• Les nausées/vomissements chimio-induits (NVCI). Une étude confirme les facteurs de risque individuels de NVCI déjà connus et montre que le nombre de ces facteurs de risque raccourcit le délai avant le premier vomissement. Un autre essai a montré que l’olanzapine en association avec un sétron et la dexaméthasone est une option efficace dans la prophylaxie des NVCI différés et persistants chez les patients sous trastuzumab déruxtécan (T-DXd).

• Inflammation et cancer. Une étude a montré qu’un niveau élevé d’IL-6 sérique avant traitement était associé à la fatigue après traitement, l’activité physique pourrait réduire cette fatigue en modulant l’inflammation. Une autre étude s’est intéressée au lien entre taux de cytokines élevés (IL-6, IL-8, VEGF, sPDL1) dans le liquide d’ascite et survie globale.

 

TOP 1 – Management des inhibiteurs de points de contrôle (ICI)

Caractéristiques des patients et leur prise en charge de la toxicité rénale immuno-induite : une série de 190 cas

Les inhibiteurs de points de contrôle immunitaires (ICI) peuvent provoquer divers effets indésirables liés à l’immunité, dont la toxicité rénale, malgré sa rareté (2-7 %). Les facteurs prédisposant à la toxicité rénale induite par les ICI restent flous, tout comme sa réversibilité et la gestion des toxicités réfractaires aux stéroïdes.

L’étude

Cette étude rétrospective menée au Clatterbridge Cancer Centre, au Royaume-Uni (janvier 2020 à février 2023), a inclus 190 patients développant une toxicité rénale liée aux ICI. La gravité de la toxicité rénale a été classée selon le CTCAE : faible (grade 1) ou élevée (grade 2+).

Résultats

Sur 2 645 patients, 190 ont développé une toxicité rénale (7 %). Les caractéristiques initiales (maladie primitive, type d’immunothérapie, genre, statut tabagique) n’ont pas été associées à la toxicité rénale. L’utilisation de médicaments néphrotoxiques, comme les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) et les IEC, a été un facteur de risque majeur (p < 0,001) (Tab. 1). La toxicité rénale de grade faible nécessitait rarement des corticoïdes et un traitement plus court était suffisant (p < 0,001). Le recours à un immunosuppresseur de deuxième ligne (mycophénolate mofétil) a été nécessaire chez 13 % des patients, avec une amélioration significative des fonctions rénales.

À retenir

Les auteurs ont étudié la toxicité rénale immuno-induite. Ils ont observé que le traitement par IPP et/ou par IEC étaient des facteurs de risque. Les toxicités de faible grade ont rarement nécessité un recours aux corticoïdes, si besoin un traitement court était suffisant. Le recours à un immunosuppresseur était rare.

• Olsson-Brown AC, Aje D, Garbutt N et al. Predisposition, clinical characteristics and management of immune checkpoint inhibitor-induced nephritis: A series of 190 cases. Ann Oncol 2024 ; 35 : 1820MO.

Effet délétère du pantoprazole sur l’efficacité de la chimio-immunothérapie chez les patients atteints d’un CBNPC

Des preuves suggèrent que les IPP pris avant un ICI peuvent altérer les résultats chez les patients atteints de tumeurs solides en raison de leurs effets perturbateurs sur le microbiome intestinal.

L’étude

Cette étude rétrospective a inclus des patients atteints d’un cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) traités avec une chimiothérapie et du pembrolizumab entre décembre 2019 et septembre 2023. Les patients prenant du pantoprazole, le plus prescrit dans cette cohorte, ont été comparés à ceux ne prenant pas d’IPP (Fig. 1).

Figure 1 – Survie globale en fonction de la dose de pantoprazole.

Résultats

Sur 134 patients, 101 (75,4 %) prenaient des IPP au début du traitement. L’analyse a révélé que les patients prenant 40 mg de pantoprazole avaient une survie globale (SG) significativement plus courte (HR = 2,39) par rapport à ceux ne prenant pas d’IPP. Aucune différence significative n’a été observée pour une dose de pantoprazole de 20 mg. L’analyse multivariée a confirmé que 40 mg de pantoprazole étaient un facteur indépendant de progression de la maladie et de mortalité.

À retenir

Les résultats de cette étude suggèrent un effet négatif dose-dépendant du pantoprazole sur la survie des patients CBNPC traités par chimio-immunothérapie.

• Brunetti L, Santo V, Palamara A et al. Dose dependent detrimental effect of baseline pantoprazole on clinical outcomes from first-line chemo-ICI regimens in patients with advanced stage NSCLC. Ann Oncol 2024 ; 35 : 1065P.

Influence du moment de la perfusion sur l’efficacité des ICI

Des études antérieures ont suggéré que l’heure d’administration des ICI pourrait affecter leur efficacité en raison de la modulation circadienne des gènes liés à l’inflammation.

L’étude

Cette étude rétrospective a inclus des patients atteints de tumeurs solides traités avec des ICI entre 2015 et 2022. L’heure des perfusions durant les 3 premiers mois a été collectée. Les patients ayant reçu ≥ 75 % de leurs perfusions avant ou après 16 h 30 ont été classés respectivement dans le groupe AM et PM. Les taux de réponse objective (TRO), le taux de contrôle de la maladie (DCR), la survie sans progression (SSP) et la survie globale (SG) ont été analysés.

Résultats

Sur 418 patients, l’efficacité des ICI est moins bonne dans le groupe PM : TRO (22,6 versus 37,7 %), DCR (24,5 versus 52 %), SSP (3,1 versus 4,8 mois) et SG (5,6 versus 14,8 mois) inférieurs (p < 0,05) (Fig. 2). À noter que des résultats similaires ont été observés avec un seuil de 14 h 30.

Figure 2 – Taux de réponse objective, taux de contrôle de la maladie, survie sans progression et survie globale en fonction de l’heure d’administration des ICI.

À retenir

Cette étude a observé l’effet de l’heure d’administration des ICI sur leur efficacité. On note des taux de réponse et de survie plus faibles chez les patients perfusés en fin d’après-midi.

• Albarrán Fernández V, Rosero Rodriguez DI, Chamorro-Perez J et al. Influence of infusion timing on the outcomes of immunotherapy in a multi-tumor cohort. Ann Oncol 2024 ; 35 : 1063P.

 

TOP 2Electronic Patient Reported Outcome (ePRO)

Enquête nationale explorant les points de vue des patients et des professionnels de la santé. Sommes-nous prêts pour la santé numérique ?

Une meilleure compréhension des obstacles et opportunités liés aux solutions de santé numérique (SSN) est nécessaire pour faciliter leur intégration dans les soins oncologiques courants.

L’étude

Une enquête nationale prospective a été réalisée par l’Association francophone des soins oncologiques de support (AFSOS) auprès des patients atteints de cancer et des professionnels de santé (PS) impliqués dans leur prise en charge. L’enquête a été diffusée via les médecins, les infirmières, les groupes de patients et les réseaux sociaux.

Résultats

Un total de 2 660 patients et 1 259 PS (dont 275 oncologues et 456 infirmières) ont participé à l’enquête. Près de 90 % des PS ont mentionné l’utilisation du téléphone et 32 % l’utilisation des plateformes numériques pour transmettre des informations sur les symptômes et les besoins en soins de support. Seuls 43 % les ont intégrées dans leurs institutions. De plus, 63 % des patients se sont dits intéressés par l’utilisation des SSN et seulement 15,4 % utilisaient effectivement une plateforme numérique (Fig. 3).

Figure 3 – Principaux résultats de l’enquête AFSOS.

 

À retenir

Cette étude observationnelle auprès des professionnels de santé et des patients montre l’intérêt grandissant des solutions de santé numérique (SSN) comme les plateformes de ePRO.

• Scotté F, di Palma M, Migala C et al. Ready for digital health? A national mirror survey exploring the perspectives of both patients and healthcare professionals. Ann Oncol 2024 ; 35 : 1840P.

Télésurveillance des patients âgés

Les ePRO sont recommandés par l’ESMO depuis 2022, cependant leur mise en œuvre chez les patients âgés et leur adhésion a été peu explorée.

L’étude

Cette étude rétrospective a analysé des patients de 65 ans ou plus inclus dans un programme de ePRO entre janvier 2022 et novembre 2023 dans 58 centres en France et en Belgique. Le programme comprenait quatre étapes : 

(i) prescription médicale, 

(ii) formation des patients, 

(iii) collecte hebdomadaire des symptômes via des questionnaires (PRO-CTCAE),

(iv) notifications d’alerte à l’équipe médicale en cas de symptômes sévères ou d’aggravation.

Résultats

Parmi 2 419 patients inclus (âge médian : 74 ans), l’adhésion aux questionnaires était de 82 % à 3 et 6 mois (Fig. 4). Les symptômes de grade ≥ 2 les plus fréquents à 6 mois étaient la douleur (66 %), la diarrhée (50 %) et les nausées (49 %). Après une alerte, une amélioration du grade de sévérité d’au moins un point a été observée chez 96 % des patients (Fig. 5).

Figure 4 – Adhésion des patients en fonction du temps.

Figure 5 – Amélioration du grade de sévérité des ePR0 à 2 semaines de l’alerte.

À retenir

Cette étude a montré que la mise en place du programme de ePRO chez les patients âgés de plus de 65 ans a emporté une forte adhésion et a apporté des bénéfices cliniques.

• Bertrand N, Grellety T, Autheman M et al. Deployment of remote patient monitoring in older patients: A real-world experience from 2419 patients across 58 centres in France and Belgium. Ann Oncol 2024 ; 35 : 1907P.

 

TOP 3 – Management des toxicités des chimiothérapies

Efficacité des gants chirurgicaux compressifs pour la prévention de la neuropathie périphérique induite par l’oxaliplatine : essai ELEGANT

Cette étude a évalué l’efficacité des gants compressifs (GC) pour prévenir la neuropathie périphérique (NP) induite par l’oxaliplatine.

L’étude ELEGANT

Il s’agissait d’un essai dont le sujet est pris pour son propre témoin (essai croisé). Les patients atteints d’un cancer digestif recevant de l’oxaliplatine toutes les 2 semaines (Q2W, huit cycles) portaient des GC sur la main dominante pendant chaque cycle. L’objectif principal était d’évaluer l’efficacité des GC (absence de NP de grade ≥ 2). Les objectifs secondaires incluaient la satisfaction des patients, le confort et la douleur liée aux GC.

Résultats

Entre octobre 2019 et juin 2022, 81 patients ont été inclus, 63 % d’entre eux ont présenté une NP de grade ≥ 2. Sur les 47 patients qui n’ont pas eu de NP de grade ≥ 2 du côté GC, 17 (21 %) ont eu des NP de grade ≥ 2 du côté sans GC (p = 0,0007) (Tab. 2).

La douleur et les troubles de sensibilité étaient également réduits dans la main avec GC (p = 0,0391 et p = 0,0010). À la fin du traitement, la satisfaction et le confort étaient de 6/10 en moyenne, avec une douleur moyenne liée aux GC de 1,7.

À retenir

Thérapie testée sur la prévention des neuropathies périphériques au paclitaxel, cette étude a montré l’intérêt de la thérapie par gants compressifs dans les neuropathies périphériques de grade ≥ 2 induites par l’oxaliplatine.

• Joureau-Chabert A, Dronne W, Ouldbey Y et al. Efficacy of surgical gloves (SG) as compression therapy to prevent oxaliplatin-induced peripheral neuropathy (PN): The ELEGANT trial. Ann Oncol 2024 ; 35 : 1878P.

Efficacité du refroidissement main-pied associé à la compression pour prévenir la neuropathie induite par la chimiothérapie 

Le refroidissement contrôlé de la température des mains et des pieds (Hilotherapy®) (Fig. 6) a déjà montré son efficacité pour prévenir la neuropathie induite par la chimiothérapie (CIPN). L’évolution vers des manchons de refroidissement-compression de deuxième génération a été étudiée ici, avec notamment l’absence de refroidissement post-traitement.

Figure 6 – Hilotherm ChemoCareCIPN.

L’étude

Un refroidissement prophylactique avec des manchons de deuxième génération pendant la chimiothérapie, sans les 30 minutes de refroidissement post-traitement, a été utilisé dans cette étude. Les symptômes de CIPN ont été enregistrés selon les critères CTCAE-V5 (médecins) et le questionnaire EORTC-CIPN20 (patientes) à chaque cycle de chimiothérapie.

Résultats

Au total, 181 patientes ont terminé leur chimiothérapie à base de taxanes. Parmi elles, 169 (93,4 %) ont présenté des symptômes de CIPN de grade 0-1, et 12 (6,6 %) de grade 2. Aucun cas de toxicité de grade 3 n’a été signalé (Fig. 7). 

Figure 7 – Résultats du critère principal de jugement.

À retenir

Cette étude descriptive a montré que le refroidissement prophylactique contrôlé de la température des mains et des pieds associé à une compression (Hilotherapy® de deuxième génération), et sans refroidissement post-traitement, semble prévenir efficacement le développement de la neuropathie induite par la chimiothérapie ≥ 2.

• Kostera A, Rodemann J, Harms M et al. Temperature-controlled hand-foot cooling combined with compression prevents chemotherapy-induced polyneuropathy (CIPN): A single center, prospective, real-world data collection. Ann Oncol 2024 ; 35 : 1871P.

Effet prophylactique du diclofénac topique dans la prévention du syndrome mains-pieds chez les patients traités par capécitabine

Cette étude visait à évaluer l’efficacité du diclofénac topique dans la prévention du syndrome mains-pieds (SMP) chez les patients atteints de cancers colorectal et gastrique sous capécitabine et à confirmer les résultats de D-TORCH.

L’étude

Il s’agissait d’une étude prospective observationnelle incluant des patients commençant un traitement par capécitabine entre juillet 2023 et février 2024. Deux cohortes ont été suivies : 

• les patients recevant du diclofénac topique 

• et un groupe contrôle sous simple observation. 

Les patients ayant déjà reçu de la capécitabine, utilisant des anti-
inflammatoires, ou présentant des troubles dermatologiques n’étaient pas inclus.

Résultats

Au total, 151 patients ont été inclus. Parmi eux, 47 % ont reçu du diclofénac topique et 53 % n’ont reçu aucun traitement supplémentaire. Le SMP s’est manifesté dès la 3e semaine et jusqu’à la 18e, avec une médiane d’apparition à 8,8 semaines.

17 % des patients ont développé un SMP de grade 2 ou plus dans le groupe diclofénac, et 14 % dans le groupe d’observation (p = 0,199). La fréquence des effets secondaires de grade 3 était similaire dans les deux groupes (Fig. 8). 

Figure 8 – Nombre et pourcentage de patients avec un syndrome mains-pieds en fonction des groupes.

À retenir

Cette étude prospective observationnelle n’a pas confirmé les résultats de l’essai D-TORCH publiés à l’ASCO 2023. L’utilisation prophylactique de diclofénac topique n’a pas significativement réduit l’incidence du syndrome mains-pieds lié à la capécitabine. 

• Yazici O, Akdogan O, Eryildiz Yucel S et al. Prospective observational study to assess the prophylactic effect of topical diclofenac in preventing the development of hand foot syndrome in patients with colorectal and gastric cancer on capecitabine therapy. Ann Oncol 2024 ; 35 : 1483P.

 

TOP 4 – Nausées/vomissements chimio-induits (NVCI)

Facteurs de risque personnels de NVCI chez les patientes atteintes d’un cancer du sein recevant une chimiothérapie hautement émétisante (HEC)

Les nausées et vomissements induits par la chimiothérapie (NVCI) restent l’un des symptômes les plus redoutés par les patients. Cette étude avait pour objectif de confirmer les facteurs de risque déjà identifiés de NVCI et à évaluer le délai écoulé avant le premier épisode de vomissements en fonction du nombre de ces facteurs.

L’étude

Au total, 304 patients recevant une chimiothérapie à base d’AC (doxorubicine-cyclophosphamide) en adjuvant ou néoadjuvant ont été inclus à partir de trois études antiémétiques prospectives. Une régression logistique a été réalisée pour identifier les facteurs de risque associés à une réponse complète (RC) en matière de NVCI (RC définie comme l’absence de vomissements et l’absence de recours à des médicaments de secours dans les 120 heures suivant le début de la chimiothérapie).

Résultats

L’analyse multivariée a révélé quatre facteurs de risque d’échec dans l’obtention d’une réponse complète :

• la non-obésité (OR : 1,95 ; IC 95 % : 1,07-3,56 ; p = 0,029),

• l’absence de traitement antiémétique (OR : 1,81 ; IC 95 % : 1,31-2,51 ; p = 0,0003),

• les antécédents de mal des transports (OR : 2,44 ; IC 95 % : 1,35-4,55 ; p = 0,003),

• les antécédents de vomissements pendant la grossesse (OR : 1,72 ; IC 95 % : 1,04-2,86 ; p = 0,033).

Le délai écoulé avant le premier vomissement était directement associé au nombre de facteurs de risque identifiés (p < 0,0001) (Tab. 3). L’absence de vomissements à 24 heures était observée respectivement dans 81,3 %, 80,3 %, 66,7 %, 53,7 % et 17,7 % chez les patients ayant 0, 1, 2, 3 ou plus de facteurs de risque.

À retenir

Cette étude consolide l’importance d’optimiser la prophylaxie anti-émétique chez les patients traités par une chimiothérapie hautement émétisante. Elle confirme les facteurs de risque individuels de NVCI déjà connus. De plus, le nombre de ces facteurs de risque raccourcit le délai avant le premier vomissement.

• Yeo W, Yeo H, Kwok C et al. Time to vomiting after chemotherapy in association with number of emetic risk factors among breast cancer patients receiving highly emetogenic chemotherapy. Ann Oncol 2024 ; 35 : 1874P.

Efficacité de la prophylaxie antiémétique par un triplet à base d’olanzapine dans la prévention des NVCI induits par le trastuzumab déruxtécan : étude ERICA 

Les nausées et vomissements (NV) sont des effets secondaires fréquemment associés au traitement par trastuzumab déruxtécan (T-DXd). Cette étude visait à évaluer l’efficacité d’olanzapine (OLZ) dans la prévention des NVCI chez ces patients lors de leur première cure de T-DXd.

L’étude ERICA

L’étude ERICA est un essai randomisé, en double aveugle, contrôlé par placebo (PBO) de phase II. Il a été réalisé entre novembre 2021 et septembre 2023 dans 43 centres au Japon. Les patients ont été randomisés (1:1) pour recevoir OLZ (5 mg/jour) ou PBO, les jours 1 à 6, en association avec un sétron et de la dexaméthasone (DEX). 

Le critère principal était la réponse complète (RC), définie par l’absence de vomissements et de recours aux médicaments de secours dans la phase différée (24-120 heures après T-DXd).

Résultats

Parmi les 168 patients inclus, 162 ont été analysés. Le taux de RC dans la phase différée était significativement plus élevé avec l’OLZ (70,0 contre 56,1 % ; p = 0,047) (Tab. 4 et Fig. 9). Le taux d’absence de nausées était également supérieur dans le groupe OLZ (57,5 contre 37,8 % ; p = 0,009). Dans la phase suivante (5e au 21e jour), OLZ a également montré un avantage (51,4 contre 31,9 % ; p = 0,014). Le nombre total de jours avec des nausées était réduit dans le groupe OLZ (4 contre 8 jours ; p = 0,033). Les patients sous OLZ ont rapporté une perte d’appétit moindre (60,0 contre 80,7 % ; p = 0,006). Les effets secondaires incluaient une hyperglycémie et une somnolence de faible intensité.

Figure 9 – ERICA : taux de réponse complète en fonction du temps et du groupe.

À retenir

Cet essai montre que l’olanzapine en association avec un sétron et la dexaméthasone est une option efficace dans la prophylaxie des NVCI différés et persistants chez les patients sous trastuzumab déruxtécan (T-DXd).

• Sakaï H, Tsurutani J, Ozaki Y et al. A multicentre, randomized, double-blind, placebo-controlled study of olanzapine-based triplet antiemetic therapy for prevention of delayed and persistent nausea and vomiting induced by trastuzumab deruxtecan in patients with metastatic breast cancer: ERICA study (WJOG14320B). Ann Oncol 2024 ; 35 : 1816O.

 

TOP 5 – Inflammation et cancer 

Inflammation et fatigue liée au cancer

La fatigue liée au cancer (FLC) est toujours mal comprise, cependant, l’inflammation pourrait être un mécanisme possible. L’activité physique pourrait réduire la FLC en modulant l’inflammation. L’objectif de cette étude était d’évaluer les associations entre l’inflammation avant traitement et la FLC post-traitement, ainsi que les changements inflammatoires pré- et post-traitement chez des patientes traitées pour un cancer du sein (CS).

L’étude

Les patientes atteintes d’un CS HR+/HER2- de stade I-III ont été incluses à partir de la cohorte CANTO (NCT01993498). Des marqueurs inflammatoires sériques (IL-1a, IL-1b, IL-6, TNF-a, CRP, etc.) ont été mesurés avant le traitement et 2 ans après. Des régressions logistiques ont été utilisées pour évaluer les associations entre l’inflammation pré-traitement et la FLC post-traitement (EORTC QLQ-C30 ≥ 40). Les comportements de santé (IMC, activité physique, tabagisme) ont été corrélés avec les niveaux d’inflammation.

Résultats

Sur 1 208 patientes, 34 % ont signalé une FLC post-traitement. Un niveau élevé d’IL-6 avant traitement était significativement associé à une FLC post-traitement (OR ajusté : 2,06 ; IC 95 % : 1,40-3,03) (Tab. 5).

Ces patientes étaient plus souvent en surpoids (62 versus 24 %) et inactives (54 versus 37 %). Une augmentation de l’IL-6 post-traitement était associée à une prise de poids (+0,7 kg) et à une diminution de l’activité physique (Fig. 10).

Figure 10 – Caractéristiques en fonction de l’IL-6 post-traitement.

À retenir

Dans cette étude rétrospective à partir des données de CANTO, un niveau élevé d’IL-6 sérique avant traitement était associé à une FLC après traitement. Les comportements modifiables, tels que le surpoids et l’activité physique, influencent l’inflammation persistante. L’activité physique pourrait réduire la FLC en modulant l’inflammation.

• Di Meglio A, Havas J, Pagliuca M et al. Systemic inflammation, unhealthy behaviors, and cancer-related fatigue (CRF) among survivors of breast cancer. Ann Oncol 2024 ; 35 : 1819MO.

Schémas inflammatoires de l’ascite

L’ascite est une complication fréquente chez les patients atteints de cancer, cependant les mécanismes physiopathologiques sont toujours mal compris. Des études récentes ont suggéré que l’inflammation favoriserait le développement de l’ascite.

L’étude

L’étude a inclus 54 patients présentant une ascite due à des tumeurs solides et huit patients ayant une ascite bénigne due à une cirrhose du foie. Les patients présentant une péritonite (nombre absolu de neutrophiles > 0,25 G/l) ont été exclus. Les cytokines ont été mesurées dans les échantillons d’ascite et de sérum disponibles par des techniques d’analyse multiplex ou ELISA.

Résultats

Parmi les patients atteints de tumeurs solides, 57,4 % présentaient une cytologie négative (paranéoplasique) et 42,6 % une cytologie positive (néoplasique). Les tumeurs provenaient principalement du pancréas (27,8 %), du tractus gastro-intestinal supérieur (18,5 %), du sein (14,8 %) et des voies biliaires (14,8 %). Les ascites néoplasiques présentaient des niveaux de cytokines (IL-6, IL-8, VEGF, sPDL1) significativement plus élevés que les ascites paranéoplasiques ou bénignes. Les niveaux de cytokines sériques n’étaient corrélés aux niveaux de cytokines dans l’ascite. Une survie plus courte a été observée chez les patients avec des niveaux élevés de TNF-α dans l’ascite (Fig. 11).

Figure 11 – Niveau de TNF-α dans l’ascite et survie.

À retenir

Les résultats de cette étude mettent en évidence des niveaux de cytokines élevés (IL-6, IL-8, VEGF, sPDL1) dans le liquide d’ascite indépendamment des caractéristiques cliniques et de leurs taux sériques. Un taux élevé de TNF-α dans l’ascite est associé à une survie plus courte. Les auteurs suggèrent de nouvelles pistes thérapeutiques.

• Berger JM, Korpan M, Peischl C et al. Inflammatory patterns of ascites in patients with solid. Ann Oncol 2024 ; 35 : 1484P.

Nicolas Jovenin déclare ne pas avoir de liens en rapport avec cet article.