Dr Armelle Lavolé
Pneumo-oncologue, Hôpital Tenon, AP-HP, Paris
Quelles toxicités ?
Il peut y avoir des toxicités entre les antirétroviraux et les chimiothérapies ou les thérapies ciblées, par exemple, quand, dans la trithérapie, il y a du ritonavir et que la chimiothérapie ou le TKi est métabolisé par le cytochrome P450. Quand c’est le cas, il faut absolument travailler avec le médecin infectieux, le pharmacien pour trouver le bon compromis pour qu’il n’y ait pas d’interaction. Il y a eu deux essais prospectifs dédiés aux personnes vivant avec le VIH atteintes d’un cancer du poumon. Le premier essai, de phase II, IFCT-CHIVA, a évalué l’association carboplatine-pémétrexed puis pémétrexed dans les cancers du poumon de stade 4. Les résultats ont montré finalement que la toxicité de grade 3-4 est identique à celle observée en population générale. Par ailleurs, nous savons que l’immunothérapie a marqué un tournant dans la prise en charge des cancers du poumon depuis 2015. À l’époque, les patients étaient exclus des essais cliniques, donc nous ne savions pas ce que ce traitement faisait sur la charge virale, sur les CD4. Il y a donc eu un second essai dédié aux personnes vivant avec le VIH atteintes d’un cancer du poumon en deuxième ligne et plus. Il a montré que la toxicité et l’efficacité étaient strictement comparables à ce qui était observé en population générale.
Quelle prévention ?
Comme dans la population générale, c’est le sevrage du tabac qui est impératif et même au moment du diagnostic du cancer, en particulier s’il s’agit d’un cancer de stade localisé qui doit être opéré. En effet, nous savons que continuer à fumer juste avant et juste après une opération augmente le risque de complications. Il est donc très important d’arrêter de fumer une semaine à un mois avant. C’est difficile, mais c’est possible avec des aides, des patchs de nicotine par exemple. Nous savons par ailleurs que les personnes vivant avec le VIH fument davantage que la population générale.
Quelle prise en charge ?
La prise en charge des personnes vivant avec le VIH doit finalement être identique à celle de la population générale, en faisant attention aux interactions. Historiquement, ces personnes ont toujours été exclues des essais cliniques, ce qui fait qu’elles ont bénéficié des innovations thérapeutiques avec du retard. Le message aujourd’hui est clair, et les recommandations de l’ASCO, par exemple, sont de faire la promotion de l’inclusion des personnes vivant avec le VIH dans les essais cliniques, à partir du moment où elles sont sous trithérapie et où il y a un bon contrôle immunitaire. Il faut absolument que ces patients ne soient plus exclus des essais cliniques. Et cela devrait être le tournant des années à venir.