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Cancer du sein métastatique – Patritumab déruxtécan : des résultats très encourageants

Publié dans Nature Medicine, ICARUS-BREAST 01 est un essai de phase II promu par Gustave Roussy, qui a évalué l’efficacité et la tolérance du patritumab déruxtécan (HER3-Dxd) chez 99 patientes atteintes d’un cancer du sein métastatique de type HR+/HER2-, en progression après un traitement par inhibiteur de CDK4/6 et une ligne de chimiothérapie. L’essai comprenait également un volet exploratoire visant à identifier des biomarqueurs prédictifs de réponse ou de résistance à ce traitement innovant. Le patritumab déruxtécan est un conjugué anticorps-médicament conçu pour cibler la protéine HER3, présente à la surface des cellules tumorales des cancers du sein hormonodépendants. Cette protéine est impliquée dans les mécanismes de résistance à certains traitements standards, notamment l’hormonothérapie et certaines thérapies ciblées.

De mai 2021 à juin 2023, 99 femmes ont reçu le patritumab déruxtécan par perfusion toutes les 3 semaines jusqu’à progression de leur maladie ou développement d’une toxicité grave. Les résultats de l’étude montrent que le critère d’évaluation principal a été atteint, puisque 53,5 % des patientes ont vu leur tumeur diminuer de manière significative avec le patritumab déruxtécan, et environ 63 % ont tiré un bénéfice clinique du traitement (réduction ou stabilisation de la maladie pendant au moins 6 mois). Enfin, deux patientes ont vu une disparition complète des signes visibles de leur maladie, réponse qui maintenant persiste depuis plus que 2 ans.

Sur un suivi médian de 15,3 mois, la durée médiane de l’absence de progression de la maladie était de 9,2 mois, et la réponse au traitement a duré en moyenne 9,3 mois. Les effets indésirables les plus fréquents étaient la fatigue (83 %), les nausées (75 %) et les diarrhées (53 %). Le profil de sécurité était identique à ce qui a été précédemment rapporté.

Le volet de recherche exploratoire d’ICARUS-BREAST 01 a permis de mieux comprendre pourquoi certaines patientes répondent plus favorablement que d’autres au patritumab déruxtécan, en identifiant des biomarqueurs impliqués dans les mécanismes de résistance. Ces recherches, menées dans le cadre du programme UNLOCK de Gustave Roussy au sein de l’IHU Prism, se sont appuyées sur l’analyse exploratoire des tumeurs avant et après traitement, à partir de biopsies, d’examens d’imagerie et d’analyses génétiques. Ces analyses suggèrent que le taux de réponse au médicament pourrait être lié à la manière dont la cible (HER3) est répartie dans la tumeur, ainsi qu’à l’absence de certaines mutations (ESR1). Une autre observation indique que la durée de contrôle de la maladie pourrait être plus longue chez les patientes dont les tumeurs expriment davantage HER3. Les analyses des échantillons prélevés pendant le traitement montrent que l’efficacité du médicament semble dépendre de sa bonne diffusion au sein de la tumeur et de l’activation d’une réponse immunitaire spécifique caractérisée par une signature d’interféron, des protéines produites naturellement par l’organisme qui jouent un rôle clé dans la stimulation du système immunitaire.

MC d’après le communiqué de Gustave Roussy, de l’Inserm et de Prism du 4 septembre 2025.