Une étude menée par l’Institut Curie, en collaboration avec l’Inserm et le German Breast Cancer Group, est la première à décrire le cancer du sein bilatéral avec des technologies de séquençage aussi avancées. Les travaux portaient sur une cohorte de 17 500 patientes de tous âges dont 404 étaient porteuses d’un cancer du sein bilatéral (soit 2 %). Dans un premier temps, l’équipe de recherche a analysé l’ensemble des dossiers médicaux pour caractériser la nature des tumeurs et observé la réponse du système immunitaire et la réponse à un traitement néoadjuvant. Chercheurs et médecins ont alors découvert que le système immunitaire ne réagissait pas de la même manière si les tumeurs droites et gauches étaient de sous-groupes différents (luminal, triple négatif ou HER2).
Dans un deuxième temps, une plus petite cohorte de six patientes a été analysée : leurs tumeurs ont été caractérisées sur le plan génomique, en comparant les profils des patientes avant et après le traitement néoadjuvant. Grâce à un séquençage nouvelle génération, l’équipe est parvenue à observer l’ordre des nucléotides dans le génome entier ou dans certaines régions spécifiques de l’ADN ou de l’ARN, montrant que, du point de vue des mutations génétiques, les deux tumeurs étaient complètement indépendantes l’une de l’autre. Malgré un outil de séquençage très complet, la taille très réduite du groupe de patientes rend impossible la recherche d’un gène commun à toutes ces tumeurs. Indépendantes d’un point de vue génomique, en termes de mutations, de copies d’altérations et d’expression, la survenue des tumeurs bilatérales pourrait être influencée par des facteurs du microenvironnement dans les cellules et les tissus. En effet, l’équipe de recherche recommandent de considérer ces tumeurs comme deux entités différentes avant de décider d’un traitement qui les cibleraient toutes les deux, précisant qu’étant donné que les deux tumeurs sont indépendantes mais peuvent avoir une influence l’une sur l’autre, le choix du traitement peut s’avérer complexe. Publiés dans Nature Medicine le 6 mars 2023, ces travaux ouvrent des perspectives cliniques pour améliorer la prise en charge des patientes atteintes de cancer du sein bilatéral.
MC d’après le communiqué de l’Institut Curie et de l’Inserm du 6 mars 2023.