Le rééquilibrage se poursuit avec l’ESMO où l’on sent qu’il n’y a plus de rétention de résultats pour une publication à l’ASCO. Le cru 2024 n’est pas exceptionnel, mais reste quand même de qualité.
• Les plus grands scoops sont en cancérologie pulmonaire qui continue sa révolution dans la prise en charge entamée depuis quelques années. Dans les cancers pulmonaires à petites cellules localisés au thorax, le durvalumab en consolidation augmente de façon nette la survie globale qui est quasiment doublée. De même, en toute logique, l’osimertinib adjuvant en cas de cancer muté EGFR localement avancé traité par radio-chimiothérapie se confirme et va entrer dans la pratique courante. Enfin, dans les cancers Alk+, le lorlatinib s’impose comme la référence en première ligne de traitement avec une survie sans progression de 60 % à 5 ans ! Pas de place pour une radiothérapie dans la maladie pauci-métastatique.
• Dans les cancers digestifs, changement de pratique en vue pour les adénocarcinomes de l’œsophage qui, définitivement, doivent être traités comme des cancers de l’estomac : le FLOT péri-opératoire fait nettement mieux que l’approche de radio-chimiothérapie. Toujours dans l’estomac, étude décevante, mais intéressante, avec absence de bénéfice de la chirurgie dans les maladies pauci-métastatiques.
• En gynécologie, on est plutôt en mode pause avec des études qui confirment nos approches actuelles : dans l’ovaire, pas de curage lombo-
aortique sans adénopathie macroscopique, pas de place à ce jour pour l’immunothérapie ; dans le col à haut risque, pas de place pour la chimiothérapie adjuvante.
• En sénologie, la remontée des lignes se poursuit pour le trastuzumab déruxtécan dans les cancers RH+ HER2 faibles avec cette fois un bénéfice en première ligne après l’hormono-résistance. Et dans les cancers HER2+, démonstration avec le palbociclib de la place pour les anti-CDK4/6 en association avec l’hormonothérapie et le trastuzumab.
• Innovation en radiothérapie ? Les protons non inférieurs à l’IMRT classique dans les cancers de l’oropharynx et moins de toxicité. Attention à ne pas s’emballer : trois centres en France de protonthérapie !
• Grosse déception en ORL avec les vaccins anti-HPV. Le premier essai randomisé tant attendu est négatif : la vaccination semble même délétère. Est-ce lié au vaccin ou au schéma utilisé ou est-ce un effet classe ? En revanche, en première ligne de maladie récidivante/métastatique des espoirs qui se précisent sur des schémas sans chimiothérapie de combinaison du pembrolizumab avec le pétosemtamab, anticorps anti-EGFR bi-spécifique.
• En urologie, calme plat.
• En dermatologie, le néoadjuvant pour les stades III avec atteinte ganglionnaire macroscopique se précise avec des résultats très positifs de l’association ipilimumab + nivolumab. De l’immunothérapie néoadjuvante aussi dans les carcinomes épidermoïdes cutanés localement avancés. Chers amis, vous allez devoir modérer vos chirurgiens. De nouvelles voies d’immunothérapie sont toujours explorées avec de petites études prometteuses, mais qui, bien sûr, demanderont confirmation.
• Enfin, pas de cancérologie sans soins de support. Bénéfice du yoga et des thérapies comportementales sur la fatigue et l’insomnie. Une étude que l’on aurait tous aimée plus positive sur l’alopécie chimio-induite, mais quelques avancées.
Si la qualité de cet ASCO est moyenne, ce n’est pas le cas de celle de nos experts, lisez vite les TOP 5 de chaque spécialité !
Dr Jérôme Fayette (Lyon)